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  • Photo du rédacteurJuste un œuf

Petit goûter chez Mollard - Paris


Tourangelle d'adoption pendant plus de 5 ans, et désormais Lyonnaise depuis un an et demi, c'est non sans un réel plaisir que j'aime revenir chez mes parents le temps d'un week-end ou de quelques vacances en terres parisiennes.

Mon plaisir à moi : arpenter les grands boulevards, flâner dans les grands magasins et leurs rayons d'épicerie fine pour dénicher quelques idées et autres curiosités gourmandes, lécher les vitrines des grands pâtissiers et déguster un thé ou quelques sucreries dans des lieux atypiques, insolites ou historiques arrivée la fin de l'après-midi.

Pendant ces vacances de fin d'année, je suis allée avec ma Maman faire les traditionnelles vitrines de Noël. Après une chouette ballade quartier de l'Opéra, un passage aux traditionnels stands de parfums sous la majestueuse coupole des Galeries Lafayette Haussmann et quelques emplettes chez le chocolatier Lindt, nous nous sommes arrêtées le temps d'un goûter à la maison Mollard. Adresse historique de la vie parisienne, j'ai de suite pris plaisir à chercher l'histoire de ce lieu atypique dans les ouvrages de notre bibliothèque.

Pour vous, je vous en propose un résumé illustré de quelques photos gourmandes, remplies de magie et d'émerveillement à chaque bouchée... Un moment juste parfait, que je souhaitais, en bonne épicurienne, vous faire partager.


Un peu d'histoire

Le 27 août 1837, un premier train relie Paris à Saint-Germain-en-Laye : 18 kilomètres en 25 minutes. L'embarcadère, c'est le terme d'époque, une petite construction en bois, est situé dans le quartier Saint-Lazare. Depuis cinq ans déjà circulait entre Saint-Etienne et Lyon la première ligne française de voyageurs, gérée par les frères Seguin. La ligne parisienne révolutionne néanmoins les transports. Dès l'année suivante, on prévoit un réseau ferré en étoile au départ de Paris.

Le quartier Saint-Lazare, alors aux limites du Paris construit, s'anime peu à peu. On projette vite d'agrandir l'embarcadère initial et, dès 1841, on ouvre une gare en dur, mais provisoire. L'année suivante commence la construction d'un nouvel édifice, à l'emplacement de la gare actuelle. De nouveaux agrandissements transforment une nouvelle fois la gare qui, en 1867, prend l'aspect qu'elle a encore aujourd'hui.

C'est cette année-là, 1867, que monsieur et madame Mollard ouvrent un petit bistrot, un "bougnat", rue Saint-Lazare, devant la nouvelle gare. Parisiens d'adoption, les époux Mollard étaient arrivés à Paris en carriole à chevaux, deux ans plus tôt, depuis leur Savoie natale. Chaque matin, Mollard livre bois et charbon pendant que son épouse sert absinthe et bière.

Les affaires vont bon train, le quartier est en pleine ébullition, la gare devient la première gare de banlieue, celle des professionnels de la Bourse. C'est le quartier des affaires, là où l'on fait fortune. A quelques encablures, Victor Baltard vient de terminer l'église Saint-Augustin.

Moins de trente ans plus tard, les Mollard ont amassé assez d'argent pour entreprendre des travaux considérables. Le bistrot est transformé, agrandi, entièrement redécoré et, le 14 septembre 1895, ils ouvrent l'un des plus beaux et des plus chics restaurants de Paris.

Ils n'ont pas fait les choses à moitié. Pour les travaux, ils ont fait appel à Edouard-Jean Niermans, l'architecte du pavillon Néerlandais à l'Exposition Universelle de 1889, qui vient juste d'être naturalisé et qui se spécialise ensuite dans les restaurants, les théâtres (les Folies-Bergères, le Moulin Rouge, c'est lui !) et qui construira ensuite le Negresco de Nice. Niermans supervise tout, dessine les meubles, les chaises et les tables, les luminaires, les portemanteaux, et même le meuble de la caissière. Tout cela a aujourd'hui disparu. Il mélange allègrement marbre et mosaïques murales ; des colonnes de fonte soutiennent une vaste verrière, qui hélas, s'effondre dans les années 20. Le décor est rutilant, H. Bichi, mosaïste à Paris, crée des motifs très Art nouveau réhaussés de cabochons et de verroterie. Des panneaux en carreaux de faïence réalisés à Sarreguemines (qui a alors une succursale rue de Paradis, à Paris) décorent les murs. M. Simas, qui en signe les dessins, s'est inspiré de scènes quotidiennes qui évoquent soit les villes desservies par les chemins de fer, Ville-d'Avray, Saint-Germain-en-Laye ou Trouville, soit des moments de vie du quartier, au théâtre ou dans les grands magasins. Le décor est superbe mais...

Mais la guerre de 14 bouleverse la destinée du restaurant. Les affaires périclitent, les Mollard vendent à la famille Gauthier. Pour relancer l'activité, on veut changer le décor. Le 1900 est alors très démodé. Miracle, on camoufle le décor d'origine derrière des miroirs qui recouvrent l'ensemble des salles. On retrouvera le décor intact, dans les années 70, en ôtant les miroirs, et le restaurant retrouvera son aura d'antan. Il sera alors classé.


La carte

Le propre de Mollard, ce sont ses plats de poissons et autres produits maritimes. Sur le trottoir, un écailler expose huîtres et fruits de mer devant les vitres ciselées de la devanture, tandis que homards et langoustes attendent sagement leur heure de gloire dans de grands aquarium de verre. Les citrons coupés en fleurs décorent ces jolies étales qui ne font qu'appeler les amateurs d'iode en cuisine.

Mais à 17h, ni fine de claire ni saumon fumé : place aux pâtisseries, c'est l'heure du thé ! Une formule goûter pour moins de 9€ vous offre la possibilité de profiter de ce lieu insolite le temps de déguster la boisson chaude de votre choix (chocolat à l'ancienne, thés parfumés...) accompagnée d'une pâtisserie maison. Quelle délectation lorsque la serveuse, tout de blanc et de noir vêtue telle un maître d'hôtel, vient vous exposer son plateau d'argent rempli de gourmandises : tartelettes en tous genres, mille feuilles, opéra, forêt noire... difficile de savoir où donner de la tête devant tant de jolis fruits colorés, de chocolat brillants et de mousse fouettée ! Après un "waou !!!" d'émerveillement spontanément envolé de ma bouche, mon choix s'est finalement porté sur une adorable tartelette multi-fruits. Pâte sablée maison croustillante, crème pâtissière délicieusement régressive aux grains de vanilles Bourbon, farandole de fruits (mûre, raisins, cassis, myrtilles, pomme, figue, kiwi, clémentine...) délicatement déposés et glacés d'une fine couche de patine brillante. Tout cela accompagné d'un délicieux thé noir des Jardins de Darjeeling, dans un décor où le temps semblait, le temps d'un goûter, avoir suspendu son vol.


En résumé

Une fin d'après-midi juste parfaite entre filles après cette ballade dans le froid de l'hiver. Un accueil chaleureux, un personnel souriant, efficace et professionnel, des pâtisseries gourmandes et raffinées, aussi belles que délicieuses... Ce ne sont pas les adjectifs qui manquent. Ainsi, je ne peux que vous conseiller cette adresse lors d'une virée parisienne, vous ne serez pas déçus !


A bientôt pour découvrir de nouvelles adresses insolites, au cœur de notre beau pays,



C.S.

PS : leur site web ici

Crédits photos : Juste un œuf, tous droits réservés

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